Voici le portrait de Henri Loux à l’age de 25 ans
C’est dans le charmant village d’Auenheim, à 30 kms au nord de Strasbourg, que Henri Loux voit le jour le 20 février 1873. En janvier 1875, la famille s’installe à Sessenheim, en raison de la nomination du père en tant qu’instituteur dans cette commune. Le jeune Henri fréquente l’école du village, dans la classe dirigée par son père. Souvent, il profite des jours fériés pour rendre visite à son grand-père, grand cultivateur et charretier à Rountzenheim. Il se sent heureux dans ce milieu rural .Une passion pour la vie champêtre imprègne son cœur et ses pensées à tel point qu’il envisage lui-même de devenir paysan. Mais ses parents n’ont pas les moyens de le diriger dans cette voie. Ils désirent que leur fils assure la continuité dans la lignée familiale, il doit s’orienter vers l’enseignement.
Henri et son frère aîné Auguste, sont inscrits en 1884 au lycée protestant Jean Sturm à Strasbourg, l’aîné est un élève studieux il est pharmacien et il meurt en 1897.Il en est tout autrement du cadet Henri. C’est un élève qui ne s’intéresse qu’au dessin et à la peinture. Une nouvelle vocation naît en lui ! Il émet le vœu de devenir artiste - peintre. Après des refus et des indignations, le père cède aux supplications de son fils.
Après l’avis favorable du professeur de dessin sexagénaire monsieur Edouard Weissandt que le jeune Henri obtient l’autorisation de suivre les cours du soir .En 1890, il s’inscrit à l’école des Art décoratifs de Strasbourg. Lors d’une exposition de travaux d’élèves en 1892 Henri Loux se fait remarquer et s’attire des éloges. C’est là qu’il fait la connaissance de Léo Schnug , Henri Loux suit l’enseignement de Georges Daubner peintre et décorateur de théâtre, et d’Anton Seder, architecte et peintre d’origine munichoise, qui est chargé de la direction de lecole, après 3 ans de formation Henri Loux saute le pas et s’inscrit à l’Akademie der bildenden Kunst à Munich le 30 octobre 1893 , il est l’élève du professeur Nikolaus Gysis artiste-peintre de grande renommée venu de Grèce.
Enrichi par l’enseignement reçu, Henri Loux revient définitivement en Alsace en 1897, avec le diplôme d’artiste-peintre. Ce titre ne lui rapporte pourtant rien, il faut travailler pour s’affirmer, se faire connaître et surtout pour vivre ! Et c’est l’année où son frère Auguste décède à la suite d’une pneumonie.
Henri Loux devient un grand voyageur. Sa prédilection pour la vie rurale le porte à sillonner les villages de sa province natale, à s’arrêter dans les fermes, au bord de la Moder près de son village natal Son regard s’arrête sur la gardienne d’oies et le berger qui à cette époque traversaient les rues du village. Il observe les paysans qui amènent leurs chevaux, au bord de la rivière.
Tel un photographe reporter, il fixe sur ses blocs de dessin, maintes scènes de la vie à la campagne.
Evidemment, les nombreuses fêtes villageoises, ne le laissent pas indifférent.
Henri Loux est conscient du fait que seul il n’arrive pas à percer. Très vite, il se joint à d’autres artistes, dans des associations et cercles qui se formes. C’est ainsi que nous le retrouvons dans les réunions du cercle de Saint Léonard dans la propriété de Charles Spindler le célèbre marqueteur. Il y rencontre entre autres Gustave Stoskopf artiste peintre, écrivain, auteur comique de la pièce de théâtre « D’er Herr Maire » représentée à Strasboug pour la première fois le 27 novembre 1898 et créateur du théâtre alsacien en juillet 1898 et Anselme Laugel exploitant viticole peintre et écrivain. Il participe aussi aux réunions du Kunschthafe « c’est la marmite artistique » fondé de 1896 à 1909, le Kunschthafe réunit régulièrement des artistes alsacien au Schlessel a partir de 1897 et plus tard au restaurant « LA MAISON ROUGE » à Schiltigheim à coté de Strasbourg le propriétaire de ces deux établissements n’était que le fabricant de pâtés de foie gras Auguste Michel . Au départ, un groupe d’amis de retour d’une noce, décidant de prolonger la bonne ambiance, Auguste Michel y invite spontanément ses amis peintres et sculpteurs. Au fil des mois, en bonne compagnie une association se concrétisa et qui fut à l’origine d’un certain bouillonnement culturel, certains retiennent le 29 août, d’autre le 26 septembre 1896 comme première réunion officielle de cette confrérie dénommée à l’alsacienne le Kunschthafe .Pour chaque réunion mensuel du Kunschthafe un artiste de l’assemblée était chargé d’élaborer la carte de menus. Henri Loux réalisa celle de la 24ém réunion du 3 novembre 1900 et la 25ème.
faire remarquer et apprécier. Les vignettes de vins sont crées en 1901, ainsi il illustre la page de couverture de la pièce de théâtre
D’Heimet » de Gustave Stoskopf et Jules Greber jouée le 6 février 1898.
Cette année fut également marquée par le décès de son père. Henri Loux participera à de nombreuses expositions en 1895, 1901et 1904 à Strasbourg la « Société des amis des arts » en 1901 et 1903 au salon Bader –Nottin en 1902 ,à la maison des Rhohan à Strasbourg il y expose une seule toile intitulé « un soir d’hiver » en 1906, et à Cologne et à Karlsruhe . Nous savons que Gustave Stoskopf lui vouait une grande admiration et lui prédisait un bel avenir. Un petit guide humoristique de Strasbourg . « Lustiger Führer durch Strasburg » parut en 1895, Loux en assure l’illustration de même qu’il crée les vignettes des mois de l’année pour l’Almanach agricole et viticole ces vignettes seront reproduites jusqu’en 1939, en 1898, il illustre une affiche pour une pièce de théâtre de Goethe « Die Fischerin » montée par une troupe d’étudiants à proximité de Sessenheim, il à crée une affiche d’une soirée de la saint-sylvestre de 1899. Il fait la connaissance de Léon Boll viticulteur à Ribeauvillé et directeur du journal l’Alsace, celui-ci le charge d’illustrer une petite brochure « vin et coteaux d’Alsace » brochure de 32 pages avec
17 dessins, distribuée aux visiteurs du stand de l’Alsace à l’exposition universelle de Paris en 1900. Henri Loux crée aussi une magnifique affiche pour le stand de l’Alsace.
Léon Boll le charge d’illustrer quatre contes pour « Contes et récits nationaux » œuvre qui paraît en 1908, les cinq illustrations montrent un art et une maîtrise insoupçonnés.
Cet aspect de l’art de Henri Loux est assez insolite et témoigne de l’envergure de son talent qui n’était pas limitée au monde paysan.
En 1894 Charles Spindler et Joseph Sattler créent les Elsässer Bilderbogen "images alsaciennes " cette création ne dure que deux ans.
En 1898 est crée la " Revue Alsacienne Illustrée" par Spindler et Laugel. Henri Loux et son ami Wilhelm Scheuermann reprennent l’idée des images alsaciennes et éditent les « Neue Elsässer Bilderbogen » « les nouvelles images alsaciennes » en 1903, malheureusement cette entreprise échoue en 1904.
Fin 1902 Henri Loux croit avoir trouvé enfin la fortune ! En effet Paul Linder de la faïencerie de Sarreguemines s’adresse à son ami Charles Spindler pour lui commander un nouveau décor pour assiettes, par manque de temps Charles Spindler transmet la demande à Gustave Stoskopf. Bien qu’artiste peintre ce dernier n’est pas familier du travail méticuleux de décoration de vaisselle, mais il
à une solution « Henri Loux » notre artiste envoie des modèles à Sarreguemines . Ceux-ci plaisent et un représentant de la manufacture rencontre l’artiste peintre à Strasbourg. Le projet de Loux est accepté. Il est invité à se rendre à Sarreguemines pour travailler sur place à la réalisation du décor. La mise au point des dessins n’était pas facile, car il s’agissait des premiers objets de la faïencerie de Sarreguemines aux décors composés de huit couleurs différentes plus le noir. Au début les faïences portaient au dos la marque
LOUX UTZSCHNEIDER et CIE de 1904 à 1906
des assiettes décoratives, des plats, différents pots, des carrelages dessinés par Loux apparurent sur le marché. Après le décès de Henri LOUX en 1907, le service pris la dénomination OBERNAI. A Obernai, un aubergiste voulait compléter le service Loux mais comme Henri Loux étant décédé le service ne pouvait plus s’appeler LOUX et c’est ainsi que celui-ci obtient la dénomination OBERNAI donc de 1907 à nos jours.
et forme Rohan Il est inutile de rappeler le succès de ce décor ! Il est connu dans le monde entier. Partout où des Alsaciens s’installent, le service de table OBERNAI leur rappelle leur terre natale, les magnifiques costumes et les belles maisons à colombage de leurs ancêtres. ( Henri Loux est une des seule personne qui à sus peindre les costumes Alsacien de façon très réelle). Les trois noms : Sarreguemines, Loux, et Obernai véhiculent à travers le monde des images inoubliables de l’Alsace. La devise d’Henri Loux : « tout à la plus haute gloire de l’Alsace » a bien guidé son œuvre. Il vit chez sa mère, installée à Strasbourg Neudorf au 4 rue d’Erstein après la mort du père en 1901.Une plaque commémorative à été installée le 31 mars 2007.par l’association « les amis de Henri Loux » En 1904 Henri Loux réalise la page de couverture d’un recueil de poème de François Xavier Neukirch « S’Pfiffel vum e Meiselocker et en 1905 il illustre la page de couverture et des vignettes de calendrier de l’Almanach Agricole et Viticole d’Alsace-Lorraine.
Malheureusement le père du décor Obernai n’a pas profité du succès de son décor. Les appointements de peintre- décorateur pour le temps passé à l’usine lui permettent juste de vivre à Sarreguemines. (La première fois six mois et la seconde fois quatre mois). Le service de table obernai comprend 56 motifs différents et 52 sont réalisé par Henri Loux les 4 autres ne sont pas de l’artiste les voici les 4 images
l'alsacienne et l'oie, l'alsacienne cueillant des fleurs, l'alsacienne tricotant, l'alsacienne au ballon
car aucune ne se trouve avant 1945 la précision du coup de crayon, la netteté, le détail, la perfection ne sont pas de la main de Henri Loux et sur aucun de ces 4 motifs ne figure pas la signature de l’artiste. Sur les 52 dessins j’ai trouvé 25 lieux dessiné par Henri Loux
1er dessin de Henri Loux pour la manufacture de Sarreguemines datant de 1904
Début 1906, la santé de Henri Loux décline, il est soigné à l’Hôpital civil de Strasbourg. Il revient mourant chez sa mère qui le soigne avec amour et tendresse. en haut à gauche Henri Loux 6 mois avant sa mort.
Malheureusement la mort l’emporte au petit matin du 19 janvier 1907, à un mois de ses 34 ans par une insuffisance cardiaque, tuberculose de l’époque. Sa mère prédisait : « mon Henri ne sera célèbre que 50 ans après sa mort » 100 ans se sont écoulés et c’est encore le cas, elle avait raison, mettre l’image le décor Obernai fût connu sur les cinq continents et c’est le service le plus vendu au monde et dans le monde on en trouve partout. Le service de table « Obernai » représente une infime partie de tout son œuvre car Henri Loux nous à laissé des aquarelles, des dessins à la plume et ses peintures à l’huile sont rares et semble,mis à part une toile, dater de la période 1895 1900. Parmi elles, son « chef d’œuvre » est sans doute la modeste fermette, qui a inspiré le décor d’une assiette dont l’image se reflète dans une mare. mettre et laisser la dernière image Henri Loux gardera toujours une grande nostalgie de la campagne alsacienne et de la vie rural qui l’ont inspirés pendant toute sa carrière et il pourra jamais effacer de son cœur son attachement à l’Alsace et au village où il a grandi Sessenheim.
Henri Loux est ignoré du publique, mais les expositions et les conférences sont là pour faire revivre Henri Loux et pour conclure j’ai fondé une association le 2 septembre 2002« les amis du musée Henri Loux » qui a pour but d’attribuer la gratitude au bienfaiteur Henri Loux ,
a lui donner la place qu’il mérite dans l’histoire de l’art alsacien et de rendre
un très grand hommage à ce grand artiste peintre .
pour tout renseignement téléphonner au Musée Henri Loux au 03 88 98 34 52